Yaxchilán, outre son intérêt archéologique, possède un petit parfum d’aventure qui le distingue des autres sites. Situé à la frontière avec le Guatemala, Yaxchilán est accessible uniquement en bateau, après une heure de navigation sur le plus grand fleuve du Mexique. Entouré par une jungle dense où résonnent les cris des singes-hurleurs, ce superbe site archéologique vous transportera au temps des premiers explorateurs-archéologues pendant votre voyage sur mesure au Mexique.
Informations pratiques pour votre visite de Yaxchilán
Horaires et tarifs :
- Le site est ouvert de 8h à 17h du lundi au dimanche (dernières admissions à 16h30).
- L’entrée du site coûte 95 pesos/personne en 2024
- Le site n’est accessible que par bateau. Il faut vous rendre à F.C. et prendre une « lancha ». Il est conseillé de vous rendre directement au bout du village à proximité de la rivière. Les tarifs sont de 1200 pesos pour 1 ou 2 personnes, 1500 pesos pour 3 ou 4 personnes, 2000 pesos de 5 à 7 personnes et 2500 pesos de 8 à 10 personnes. Il est donc recommandé de chercher d’autres voyageurs pour faire baisser le cout si vous êtes peu nombreux. Vous devrez également payer 20 pesos par personne à l’entrée du village.
- Comptez environ 2 heures de visite sur place et environ 2 heures pour l’aller-retour en bateau.
- Vous pouvez stationner votre véhicule gratuitement à proximité du lieu d’embarquement.
Comment vous rendre à Yaxchilán ?
Yaxchilán se trouve dans une région reculée du Mexique. Vous devrez tout d’abord vous rendre à F.C. d’où partent les « lanchas » (longues barques à moteur).
La ville la plus proche est Palenque, à environ 3 heures de route. Depuis Palenque, prenez la route de San Cristobal de las Casas. Après d’une dizaine de kilomètres, prenez la route sur la gauche en direction de Benemérito. Une dizaine de minutes (15 kilomètres) après le croisement vers Bonampak, vous arriverez à l’embranchement vers FC.
Si vous venez de Comitán de Domínguez, l’embranchement se trouve à environ 50 kilomètres après Benemérito de las Américas.
Attention, il est recommandé d’éviter de rouler la nuit pour des raisons de sécurité (c’est une zone frontalière où il peut y avoir certains trafics). De même, il n’y a pas de pompe à essence après Palenque, faites donc le plein en partant. La seule station-service entre Palenque et Comitán de Dominguez se trouve à Benemérito de las Américas.
Que prévoir pour visiter le site archéologique de Yaxchilán ?
- Une paire de tennis confortables.
- Un chapeau ou une casquette et de la crème solaire.
- Un anti-moustiques et éventuellement un imperméable.
- Des bouteilles d'eau pour vous hydrater pendant la visite (les acheter à Frontera Corozal, il n’y a pas de boutiques sur place).
A savoir pour une visite dans les meilleures conditions :
- Les animaux ne sont pas admis sur le site.
- Il est interdit de fumer sur le site.
- Toilettes à l’entrée du site (au niveau des caisses). Il n’y a aucun endroit où acheter à boire ou à manger à l’intérieur du site. Il est interdit de manger sur le site.
Que faire à proximité ?
- Bonampak : Site archéologique très célèbre pour ses magnifiques fresques, le plus belles du monde maya.
- Lacanja Chansayab : A proximité de Bonampak, la petite communauté maya lacandonne de Lacanja Chansayab propose dans un environnement paradisiaque, des randonnées dans la jungle et des activités plus sportives comme le rafting.
- Les Cascades de Roberto Barrios : Très belles chutes d’eau à une dizaine de kilomètres de la route vers Palenque. Elles restent peu visitées par les touristes.
- Las Guacamayas: Centre écotouristique crée par une petite communauté de Reforma Agraria qui jouxte le Réserve de Montes Azules. Il a pour objectif la préservation des grands aras rouges. Il propose randonnées et visites en bateau de la Réserve.
Quelques données importantes sur Yaxchilán…
Toponymie :
Son véritable nom serait Pa’chan, « Ciel coupé » en maya. Son nom actuel veut dire « pierre verte » en maya et a été donné par un archéologue en référence à une petite rivière où abondent des pierres couvertes de mousses.
Historique :
On sait peu de choses des origines de Yaxchilán, mais il est établi que le fondateur de la principale dynastie de Yaxchilán est monté sur le trône en 320. La Ville-Etat se développe alors au point de devenir une puissance régionale. Elle entretient des relations guerrières avec Piedras Negras, Tikal et Palenque et domine des centres plus petits comme Bonampak.
Yaxchilán atteint son apogée sous le Roi Bouclier-Jaguar, mort à plus de 90 ans en 742. Son fils Oiseau-Jaguar lui succède en 752 (il y eut vraisemblablement un interrègne d’une dizaine d’années). Oiseau-Jaguar qui n’est le fils que de la troisième épouse de Bouclier-Jaguar, ne va avoir de cesse de légitimer son pouvoir. A partir du 9ème siècle, la ville entre en déclin et est petit à petit abandonnée.
Le site est redécouvert au 19ème siècle par Désiré Charnay et Alfred Maudslay mais ce n’est qu’à partir de 1935 que des fouilles systématiques sont menées. Jusqu’à présent seuls 50 des 120 édifices recensés ont été explorés.
L’architecture de Yaxchilán :
Yaxchilán est l’un des sites représentatifs du style Usumacinta. Il s’agit d’un style architectural assez proche de celui de Palenque. Les édifices possèdent ainsi des toits mansardés avec une crête faitière. Néanmoins, à la différence de Palenque, ils ne s’appuient pas sur des plateformes artificielles mais sur des terrasses qui profitent de dénivelés naturels. Yaxchilán est remarquable par les nombreux linteaux sculptés et par les très belles stèles que l’on peut admirer sur tout le site.
La visite de Yaxchilán
LA GRANDE PLACE (Gran Plaza)
Il s’agit d’un des trois grands ensembles qui constituent le centre de la cité. Il s’agit d’une terrasse artificielle de 750m de long pour 80m de long qui épouse le tracé du Rio Usumacinta. Elle constituait le centre de la vie civile, militaire et religieuse de Yaxchilán. Elle est entourée d’un grand nombre de bâtiments, temples, ensembles d’habitation, terrains de jeu de balle, bains de vapeurs, marchés etc… qui s’organisent autour de places secondaires.
- Edifice 19 ou Labyrinthe :
Il a été construit pendant la 1ère moitié du 8ème siècle (sous la Régence d’Etoile du Soir, mère d’Oiseau-Jaguar). Il tire son nom de l’étrange aménagement du bâtiment tout en corridors et en chambres voutées distribués sur deux niveaux. On pénètre dans le site par la face extérieure du bâtiment pour accéder à la Grande Place sur laquelle donne sa face principale. On peut apprécier son toit mansardé orné de niches où était sculpté en stuc des figures anthropomorphes.
Situé à proximité d’un temazcal (bain préhispanique, Edifice 17), l’édifice 16 est en très mauvais état mais a conservé de beaux linteaux sculptés. Le linteau 39 au centre, représente le Roi terrassé par un serpent bicéphale présentant les traits du Dieu G II (sorte de vision provoquée par la perte de sang consécutive à un autosacrifice). Il est entouré par ses deux épouses.
- Terrain de Jeu de Balle (Edifice 14) :
Il s’agit d’un terrain de jeu de balle classique encadré de deux talus. On a mis à jour 5 marqueurs (pierres circulaires sculptées ornées d’un glyphe et d’un personnage portant une barre cérémonielle). Trois se trouvent sur le terrain même et deux autres sur les talus. Un a été enlevé.
Il s’agit d’un bâtiment très simple composé de deux galeries parallèles qui étaient [Une image contenant herbe, arbre, extérieur, champ Description générée automatiquement] couverte d’une voute maya. On y accède par neuf ouvertures. Les linteaux sont les éléments les plus remarquables. Ils sont sculptés de glyphes qui mentionnent les noms des 10 premiers rois de la dynastie Jaguar. Seuls trois linteaux sont conservés in-situ, deux sont au Musée National d’Anthropologie et un autre au British Museum.
Il s’agit d’un édifice en L construit par Oiseau-Jaguar et dédié à la légitimation de son pouvoir. Il reste qu’un seul linteau encore en place, à gauche (Linteau 50) qui représente Bouclier-Jaguar pendant un rituel de frappement de bâton (cérémonie qui marquerait la transmission du pouvoir). On peut voir sur le toit latéral sud de grands masques solaires modelés en stuc.
Elle a été élevée en 766. Elle représente une scène d’autosacrifice accompli par Oiseau-Jaguar en compagnie de son fils Chel-Te. Il a les mains percées par des lancettes qui font couler son sang sur des bandelettes qui sont placées dans un panier. Dans la partie inférieure, une divinité solaire tient une barre bicéphale d’où naissent des plants de maïs. Dans la partie supérieure, ses parents entourent le dieu solaire Kin au-dessus d’une barre céleste.
A proximité, on peut observer des pierres taillées en forme de crocodile et de jaguar.
Elle était placée à l’origine sur la plateforme de l’Edifice de la Grande Acropole. Elle devait être transportée en petit avion jusqu’à Mexico mais après de multiples péripéties dans les airs et sur le fleuve, on a renoncé à son transport en raison de son poids. Elle a donc finalement été laissé sur place en 1964. La stèle représente un rituel de frappement de bâton de cérémonie, symbolisant la passation de pouvoir entre Bouclier-Jaguar et Oiseau-Jaguar. Les textes latéraux parlent de l’accession au trône d’Oiseau-Jaguar en 752.
Sur l’autre face invisible, Oiseau-Jaguar porte un masque du Dieu Chac Xib Chac et retient par les cheveux trois captifs qui seront sacrifiés.
Il repose sur une terrasse aménagée à flanc de colline. Il s’agit d’un temple avec une haute crête faitière.
Le linteau 12 de la porte de gauche se trouve au Musée d’Anthropologie de Mexico et relate une scène de conquête conduite par Bouclier-Jaguar I. Sur le linteau au centre, Dame Grand-Crâne célèbre avec son époux Oiseau-Jaguar la naissance de leur fils Bouclier-Jaguar II dont le visage émerge de la gueule du serpent céleste (qui apparait lors de l’autosacrifice). Sur le linteau de droite, on retrouve les parents de Bouclier-Jaguar II dans une cérémonie d’autosacrifice avec la vision du serpent céleste. L’escalier hiéroglyphique n°5 relate la prise de 16 prisonniers par Bouclier-Jaguar II.
Ce temple a connu plusieurs étapes constructives notamment la dernière lors de laquelle ont été rajoutés les deux petits édifices latéraux. Il possédait trois linteaux qui se trouvent actuellement au British Museum à Londres. Ils célèbrent Oiseau-Jaguar IV.
On trouve à l’intérieur du bâtiment une stèle d’Etoile du soir, mère du roi, lors de la saignée rituelle. Ce thème est répété au dos de la stèle avec le même personnage qui se passe une cordelette garnie d’épines dans la langue.
Les reliefs modelés en stucs représentent le roi et ses épouses assis sur des têtes de serpents.
Il a été construit en 454 par le 7ème roi de la lignée. Les quatre linteaux sont sculptés de textes historiques.
Il possédait parmi les plus beaux linteaux de Yaxchilán mais ils se trouvent au British Museum et au Musée National d’Anthropologie.
Il s’agit sans doute du bâtiment le mieux conservé de Yaxchilán. Il a été construit par Oiseau-Jaguar pour légitimer son accession au trône à la mort de son père. On y accède par un escalier monumental constitué de plusieurs volées de marches. Au sommet du premier palier, on trouve une plateforme avec la stèle n°2.
Les 12 dernières marches sont ornées de reliefs et de glyphes sculptés. Sur la dernière marche on peut voir Oiseau-Jaguar agenouillé, avec les atours du joueur de jeu de balle, face à un escalier hiéroglyphique sur lequel rebondit la balle à l’intérieur de laquelle est représenté un captif. Le texte nous donne la date du 21 octobre 744. Son père Bouclier-Jaguar est représenté dans une même scène à gauche et son grand-père à droite.
Les trois portes de la façade ont conservé leur linteau.
Linteau 1 (à gauche) : Oiseau-Jaguar richement vêtu brandit le sceptre à l’effigie du Dieu K le jour de son intronisation. Derrière se tient sa femme Grand-Crâne avec le paquet destiné à l’autosacrifice.
Linteau 2 (au centre) : Oiseau-Jaguar fait face à son fils lors d’un rite de fertilité lors du 5ème anniversaire de son accession au trône.
Linteau 3 (à droite) : Oiseau-Jaguar et l’un de ses gouverneurs lors d’une célébration de fin de période calendaire.
A l’intérieur, on peut voir une statue d’Oiseau-Jaguar sans tête, celle-ci gisant dans le corridor. Selon un mythe lacandon, la remise en place de la tête engendrerait la fin du monde. Alors les jaguars célestes descendront sur terre pour dévorer tous les êtres vivants.
LA GRANDE ACROPOLE
A gauche, l’édifice 41 a été élevé par Bouclier-Jaguar qui est représenté sur la stèle 16. Il est revêtu des attributs du guerrier avec des têtes-trophées sur le pectoral et frappe le sol avec le bâton rituel pour célébrer le solstice d’été.
A droite, l’édifice 40 devant lequel se trouvait la stèle 11. Ses murs intérieurs étaient couverts de fresques. Dans la chambre de gauche subsistent quelques fragments.
Tout à droite, l’édifice 39 est le plus ancien.
LA PETITE ACROPOLE
Ensemble d’une quinzaine de bâtiment construits à la gloire de Bouclier-Jaguar et de son fils.
Sur les linteaux, de gauche à droite, Oiseau-Jaguar fait face à son épouse, à un gouverneur, à une autre épouse qui porte le paquet de l’autosacrifice.
Sur trois linteaux on voit Bouclier-Jaguar en train d’humilier ses ennemis.
